Toujours sur cette question de la synchronisation et de la cadence/rythmique sociale, un extrait de Giono. On en reparle bientôt !
« [ ..] il y avait le tambour du sang, le grondement du sang. Il tapait sur un sombre tambour dans les hommes et dans les femmes. A chaque coup, ça tapait comme au creux de la poitrine. On se sentait lié à cette cadence. C'était comme le volant des batteuses qui battent le blé. C'était comme le fléau qui bat le blé, vole, bat le blé, vole. C'était comme la peine de l'homme qui saute dans la cuve. C'était comme le galop régulier d'un cheval et s'il galope tout le temps comme ça, régulièrement, avec ses gros sabots, il va jusqu'au bout du monde, et après le bout du monde il galopera dans le ciel, et la voûte du ciel sonnera comme la terre sonne maintenant. Toujours, toujours, sans arrêt, parce que le sang ne s'arrête pas de battre, et de fouler et de galoper, et de demander avec son tambour noir d'entrer en danse. Et il appelle, et on n'ose pas. Et il appelle, et on ne sait pas s'il faut... Et on a dans tout son corps des désirs, et on souffre. On ne sait pas et on sait. Oui, vaguement on se rend compte que ce serait bien, que la terre serait belle, que ce serait le paradis, le bonheur pour tous et la joie. Se laisser faire par son sang, se laisser battre, fouler, se laisser emporter au galop de son propre sang jusque dans l'infinie prairie du ciel lisse comme un sable. Et on entendait galoper, galoper, battre et battre, fouler et fouler, le tambour sonner sous la grande paume noire du sang qui le frappe. Mais ce serait la danse, la vraie danse, on obéirait de la vraie obéissance. On ferait ce que le corps désire. Tous ces appels du sang seraient des appels de joie.»
Jean Giono, Que ma joie demeure.
Recevez mes vœux pour le nouveau cycle !
« [ ..] il y avait le tambour du sang, le grondement du sang. Il tapait sur un sombre tambour dans les hommes et dans les femmes. A chaque coup, ça tapait comme au creux de la poitrine. On se sentait lié à cette cadence. C'était comme le volant des batteuses qui battent le blé. C'était comme le fléau qui bat le blé, vole, bat le blé, vole. C'était comme la peine de l'homme qui saute dans la cuve. C'était comme le galop régulier d'un cheval et s'il galope tout le temps comme ça, régulièrement, avec ses gros sabots, il va jusqu'au bout du monde, et après le bout du monde il galopera dans le ciel, et la voûte du ciel sonnera comme la terre sonne maintenant. Toujours, toujours, sans arrêt, parce que le sang ne s'arrête pas de battre, et de fouler et de galoper, et de demander avec son tambour noir d'entrer en danse. Et il appelle, et on n'ose pas. Et il appelle, et on ne sait pas s'il faut... Et on a dans tout son corps des désirs, et on souffre. On ne sait pas et on sait. Oui, vaguement on se rend compte que ce serait bien, que la terre serait belle, que ce serait le paradis, le bonheur pour tous et la joie. Se laisser faire par son sang, se laisser battre, fouler, se laisser emporter au galop de son propre sang jusque dans l'infinie prairie du ciel lisse comme un sable. Et on entendait galoper, galoper, battre et battre, fouler et fouler, le tambour sonner sous la grande paume noire du sang qui le frappe. Mais ce serait la danse, la vraie danse, on obéirait de la vraie obéissance. On ferait ce que le corps désire. Tous ces appels du sang seraient des appels de joie.»
Jean Giono, Que ma joie demeure.
Recevez mes vœux pour le nouveau cycle !