Depuis la conversation entre Trump et Poutine, l’agenda des négociations s’emballe. Pour Karine Bechet-Golovko, l'ouverture du processus n’est pas en soi une garantie de résultat, car la question centrale reste celle de la faisabilité objective d’un compromis entre les Atlantistes et la Russie, pouvant déboucher sur un nouvel équilibre stratégique.
La négociation diplomatique est un art, qui se situe à peu près à mi-chemin entre la raison d’État et le cynisme des marchands. Montrer trop d’intérêt, c’est faire preuve de faiblesse, c’est devenir demandeur. En ce sens, l’on pourrait penser que Trump est dans la position du demandeur. Il ne cesse depuis sa candidature à la présidence et ensuite depuis sa prise de fonction de parler de la fin de la guerre en Ukraine, de la promettre, de l’annoncer. Certes, Trump a besoin de ces négociations, car il a besoin de faire plier la Russie – à moindre coût. Il comprend parfaitement, que sans une implication directe des forces militaires des pays de l’OTAN, les Atlantistes n'auront aucune chance de gagner cette guerre. Or, d’un point de vue purement pragmatique, impliquer les forces de l’OTAN contre l’armée russe aurait un coût énorme, impossible à évaluer. Sans même parler des conséquences géopolitiques, dont la première serait d’emporter ce Monde global dans les poubelles de l’histoire. C’est un risque, qu’il ne veut pas prendre. D’où son jeu en deux temps : continuer à soutenir financièrement l’Ukraine, pour ne pas laisser gagner la Russie (comme il l’a déclaré), tout en lançant le processus de négociations avec la Russie ; transférer le coût de l’implication militaire en Ukraine sur les épaules des Européens dans un premier temps, afin d’entrer en jeu si les négociations avec la Russie ne permettent pas de garantir les intérêts atlantistes. Pour cela, Trump se constitue une image de «faiseur de paix», comme si les États-Unis étaient neutres dans un conflit qui ne concernerait que la Russie, l’Ukraine et à la rigueur l’Europe. Et comme disait Talleyrand, «en politique, ce qui est cru devient plus important, que ce qui est vrai».
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