Karine Bechet-Golovko analyse la présidentielle US. Résumé en deux parties :
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L’élection de Trump, surtout avec une telle vague républicaine, est une gifle aux tenants du mondialisme radical. Si des changements politiques sont à attendre, il serait pour l’instant prématuré de s’attendre à ce que le système de gouvernance de la mondialisation s’écroule magiquement de lui-même.
C’est la deuxième fois dans l’histoire américaine, après Grover Cliveland à la fin du 19ème siècle, qu’un Président revienne au pouvoir lors de deux mandats non consécutifs. Trump a réussi cet exploit et il devient ainsi le 45ème et 47ème Président des États-Unis.
Cette victoire tranche fondamentalement sur celle de 2016. Autant alors il semblait être une épine dans le pied du géant mondialiste, en pleine expansion et en pleine heure de gloire, avant l’impératif mondialiste covidien puis la guerre en Ukraine contre la Russie, autant aujourd’hui le géant semble fatigué, accoudé et essoufflé, pesant de tout son poids sur sa stèle funéraire.
Nous voyons une reconnaissance sans conteste de la victoire de Trump par les Démocrates. Nous ne sommes plus dans la contestation violente, même si évidemment la Russie est pointée du doigt, accusée d’avoir « influencé les élections ».
D’une certaine manière, tel est le cas, la Russie conteste l’ordre mondialiste radical en montrant qu’une autre voie est possible, que la soumission n’est pas une fatalité, que les peuples et les Nations ont le choix. En ce sens, oui, elle a stratégiquement influencé le résultat des élections, car elle a montré le véritable visage des Démocrates, leur fanatisme.
C’est bien ce fanatisme, ce jusqu’auboutisme, qui les a fait perdre, le système mondialiste radical ayant fini par se retourner contre les États-Unis eux-mêmes en prônant la primauté de l’hégémonie, même au prix de la prospérité intérieure. Or,
les Américains constituent une nation hautement matérialiste, ils ont voté Trump dans l'espoir de retrouver leur pouvoir d’achat, leurs emplois, des salaires, etc.
Le wokisme a atteint ses limites : le projet de société qu’il porte n’est pas viable, les Américains ont voté contre car il commence à leur coûter trop cher.
L’on peut déjà tirer deux leçons :
🔸 Tout d’abord,
il n’est pas possible d’organiser une fraude électorale permettant d’inverser les résultats, quand il existe un véritable mouvement populaire profond et massif.
🔸 Ensuite,
les États-Unis semblent être l’un des très rares pays, où il y reste encore un véritable combat politique, ce qui n’existe plus dans les pays européens depuis longtemps.Je parle bien d’un combat politique et non pas idéologique, car Donald Trump reste dans la logique mondialiste d’une exceptionnalité américaine et d’une domination de l’Amérique. Donc d’un monde centré autour d’un seul centre légitime de pouvoir. Mais il incarne cette branche rationnelle, modérée, de la mondialisation, pour qui les mécanismes de gouvernance globale doivent servir le renforcement des États-Unis, sans se faire sur le dos et aux frais des Américains. Cette relative modération le rend en réalité stratégiquement beaucoup plus dangereux que les fanatiques.
L'« America First » de Trump signifie que tout ce qui peut porter atteinte aux intérêts des États-Unis, qui leur fait concurrence ou qui est susceptible de faire de l’ombre aux États-Unis, doit être écrasé. Cela signifie également que les États-Unis ne seront plus aussi prompts à soutenir d’autres pays s’ils n’y gagnent rien ou insuffisamment.
Sous cet angle-là vont se redessiner les rapports avec l’Europe. L’équipe de Trump méprise profondément ce qu’est devenue l’Europe, comme on méprise un veule laquais, qui fut autrefois un seigneur.
Or, si les élites mondialistes ont « délocalisé » les centres de décision vers l’Europe, sans l'Amérique elles sont affaiblies et désorganisées. Il va leur falloir se réorganiser.
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